Les cadres veulent eux aussi se faire entendre
A la veille de la manifestation intersyndicale et interprofessionnelle du 29 septembre, près de la moitié des cadres se disent prêts à se mobiliser pour obtenir une augmentation de salaire, ou pour défendre leur retraite. C’est ce que révèle le baromètre annuel de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict).
Avec le télétravail, le temps et la charge de travail des cadres explosent, tandis que leur pouvoir d’achat recule. Ils défendent la retraite à 60 ans.
Dans quel état d’esprit sont les cadres ?
Visiblement dans le même que beaucoup de salariés de notre pays : ils ne veulent pas de la réforme des retraites et demandent une revalorisation de leurs salaires dans le contexte de forte inflation observée depuis début 2022.
Selon un sondage réalisé par Viavoice pour le baromètre annuel sur l’opinion et les attentes des cadres commandé par l’Ugict CGT, sur un échantillon représentatif de 1 000 cadres, 67 % d’entre eux seraient prêts à signer une pétition et 48 % à manifester pour défendre leur retraite. L’enquête révèle qu’ils sont même 42 % à faire grève.
Regain de confiance dans les syndicats
Et pour défendre leurs droits ou leur emploi, 28 % des personnes interrogées disent que c'est dans les syndicats qu'elles ont le plus confiance. Contre 21 % en 2016.
« C’est du jamais-vu depuis l’existence du baromètre créé voici dix ans ! », se félicite Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict CGT.
Alors qu’ils se sentent traditionnellement seuls pour se défendre, près de deux cadres sur cinq se déclarent prêts à se syndiquer.
Les raisons de la grogne des cadres, et du regain de confiance dans les syndicats ? La baisse de leur pouvoir d’achat : plus de 70% d’entre eux (et 80 % des femmes cadres) estiment qu’il a baissé en un an. Et les chiffres de la Dares (1) le confirment : en moyenne, ils ont perdu 3,7% de pouvoir d’achat au deuxième trimestre 2022.
Dans le détail, le baromètre publié le 26 septembre, à trois jours de la grande mobilisation interprofessionnelle et intersyndicale du 29 septembre, révèle que plus de la moitié d’entre eux trouvent leur rémunération pas en adéquation avec leur temps et leur charge de travail. Ni avec leur implication. 42 % disent travailler plus de 45h par semaine, et 20 % plus de 49h ! Soit 5 points de plus par rapport à 2021.
Et ce n’est pas tout : plus de la moitié travaillent souvent pendant leurs jours de repos. Ces chiffres s’affolent dans la fonction publique (71%) et pour les femmes (59%) dont le temps est fragmenté entre les tâches domestiques et professionnelles.
Derrière ces chiffres, se dessinent les effets collatéraux du télétravail : s’ils passent moins de temps dans les transports, les cadres voient leur charge de travail augmenter fortement. Car le télétravail a beau être séduisant, il n’est justement pas encadré, et le droit effectif à la déconnexion reste un vœu pieux.
Pour la retraite à 60 ans
Un petit tiers seulement des cadres interrogés pensent qu’ils connaîtront une évolution professionnelle positive dans les années à venir. Ce pessimisme frappe particulièrement les seniors : seulement 22 % arrivent à se projeter ! Les autres se voient bottés en touche par les entreprises.
Enfin, alors que le gouvernement s’arqueboute sur un nouveau report de l’âge de départ en retraite, les cadres y sont très majoritairement opposés : plus de la moitié souhaite une réforme qui ne repousse pas l’âge de départ mais au contraire, repasse à 60 ans. Et 82 % veulent une réforme des retraites garantissant une pension au moins égale à 75 % du salaire de fin de carrière (contre 67% aujourd’hui).
La CGT demande la reconnaissance des qualifications, en particulier dans la fonction publique où les grilles de salaires se sont extrêmement tassé, avec le retour à l’échelle mobile des salaires (lire ici). Deuxième revendication, la réduction du temps de travail de tous les salariés, et en particulier des cadres qui aspirent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut encadrer le télétravail, mettre fin aux forfaits jours sans décompte horaire, et un vrai droit à la déconnexion.