Toi ! Salarié du group Compass, déjà camarade ou en devenir, 2025 ce sont les 130 ans de la CGT et c’est toute une histoire

15/12/2025



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Sur une idée originale de mon plus vieux camarade, Rémy Tharreau, je me prête volontiers à cet exercice. Délicat, certes, mais ô combien instructif : il nous rappelle ce que sont les valeurs, le respect des collègues et la solidarité.

Il y a bien longtemps, futur jeune recrue pleine de fougue, je fus détaché comme beaucoup de salariés de Scolarest, envoyé d’un établissement à l’autre pour assurer la rentabilité de l’entreprise. Ce système de détachement, déjà contraignant à l’époque, s’est amplifié au fil des années, jusqu’à mutualiser la main-d’œuvre dans différents segments, toujours au plus juste.

Un matin, à Sup Elec, j’ai vu débarquer plusieurs gars, chacun avec son style, dignes d’un western. Ils m’ont interrogé sur mes conditions de travail, mes primes, mes heures, mes trajets. Ne sachant pas ce qu’était un syndicat, je les ai repoussés. Mais leur persévérance m’a marqué : ils revenaient, toujours avec la même conviction. Ils m’expliquaient que si je n’avais pas besoin d’eux, eux avaient besoin de moi. Que ma force individuelle pouvait devenir une pierre à l’édifice collectif.

Surpris, hésitant, j’ai fini par les rejoindre. Ces inconnus sont devenus des camarades, des frères de lutte. Ensemble, nous avons traversé des épreuves, défendu des accords, fait progresser les droits des salariés. Et malgré les années, malgré les pertes douloureuses de certains compagnons, notre volonté reste intacte : protéger, soutenir, et continuer le combat.

Voilà pourquoi nous vous proposons aujourd’hui de partager, vous aussi, une tranche de votre vie.

  • La CGT vous a-t-elle aidé ?
  • Qu’est-ce qu’elle vous a apporté ?
  • Êtes-vous fier d’en faire partie ?

Vos témoignages, anonymes si vous le souhaitez, seront publiés pour faire vivre nos valeurs. Et pour vous remercier, nous aurons plaisir à vous offrir un mug à l’effigie de la CGT, remis par un délégué lors de sa visite.

La parole est à vous. Ne tardez pas trop : il y a fort à faire, et chaque voix compte.

Bien fraternellement,
Christophe Cianfarani
Délégué central CGT Compass


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Le 3 septembre 1993, j’ai 23 ans et je mets pour la première fois les pieds dans un site scolaire SHR de 1 500 couverts. Cuisinier intermittent, 11 collègues, un chef gérant… et un contrat que je comprends à moitié. Résultat : en octobre, je touche un demi-salaire. Voilà ma première leçon du monde du travail : quand on ne connaît pas ses droits, on se fait avoir.

Alors, pour survivre, je bosse dans tous les restaurants possibles pendant les vacances scolaires. Le groupe Compass m’appelle à droite, à gauche, quand il y a des besoins.
Je m’accroche. Je me forme. En 1996, je décroche une formation de chef gérant à Marseille. Une vraie fierté.

1997 : cinq ans que je remplace des chefs gérants, souvent sans vacances, toujours disponible, toujours motivé. Je suis bien noté, je dois passer Second en septembre. Je suis dans la place. Je bosse. Je donne tout.

Et c’est là que ma vie bascule.

Un jour, à Cholet, un délégué CGT – Jean-Philippe Lemaire – débarque sur le site. On lui offre un café. Je le charrie sur sa chemise rouge, je rigole, je connais la CGT surtout grâce aux sketchs des Inconnus.
Il me répond avec calme, humour… et il a une connaissance impressionnante. Loi, CCN, accords d’entreprise, temps de travail, salaires… Il parle des salariés avec conviction, avec force, avec détermination.

Ça me frappe.
Je vois un mec qui sait. Un mec qui défend. Un mec qui n’a pas peur.

Je lui dis : « OK, j’adhère. Tu m’as convaincu. »
Et franchement, ça me coûte pas plus cher que les clopes que j’essaie d’arrêter. Déduction d’impôt a 66% !! bien meilleur pour la santé !!

Début août 1997, une collègue arrive en pleurs : elle a reçu 70 € au lieu de 700. Elle ne peut pas payer la garderie, le transport, le loyer. Elle est détruite.
J’appelle la direction : personne.
Le service paie : erreur.
On me demande des documents, des validations, des signatures impossibles.
Le chef de secteur : « On verra fin août… »

Je vois rouge.
Je veux aider. Je dois aider.
Je regarde autour de moi… et je vois un tract CGT.

Je décroche le téléphone :
— « Allô la CGT ? J’ai besoin de vous. C’est urgent. »
Réponse :
— « OK Rémy, on s’en occupe. »

10 minutes plus tard, le chef de secteur m’appelle en hurlant :
« Fallait pas appeler la CGT ! »
Eh bien si, il fallait.
Parce que 10 minutes plus tard, un chèque est émis. Enveloppe affranchie. Fax de confirmation. Problème réglé.

Ce jour-là, j’ai compris une chose essentielle :
La CGT n’est pas un logo. Ce n’est pas une chemise rouge. C’est une force. Une force qui, quand tu appelles, répond. Et quand elle répond, ça change des vies.

Le soir, je les remercie. Et je leur dis :
« Si vous avez besoin de moi, je suis là. »

Septembre 1997 : je me présente aux élections. Élu à l’unanimité.

1998 : je deviens représentant syndical au CE Ouest.
Et là, le chef de secteur me dit :
« Tu ne passeras pas chef de cuisine. Il faut choisir. Pourquoi la CGT ? Et pas de remplacements pour toi cet été. »

C’est la phrase de trop.
Ils veulent me faire taire.
Je vais faire  l’inverse : je deviens délégué syndical central CGT .
Je sillonne tous les sites. Je vois les injustices. Je vois les dérives. Je vois les salariés oubliés.
Et je prends ma décision :
Je serai militant. Pour de bon. Pour toujours.

1999 : je deviens délégué syndical central CGT Scolarest.
Je négocie les 35 heures.
Réunions. Déplacements. Elections. Défense. Protection.
Je découvre ce que c’est : se battre pour les autres.

Les années passent. En 2012, je deviens chef gérant, après avoir dû prouver par deux fois ma valeur.
En 2020, je repasse un CQP chef gérant et je le réussis haut la main.
Parce que le militantisme, ce n’est pas une excuse : c’est une force. Une compétence. Un engagement.

Aujourd’hui, après 28 ans de militantisme, j’ai porté tous les mandats possibles :

·        Délégué syndical central adjoint

·        Chef gérant

·        Élu au CSE Médico

·        Élu au CSE Central

·        Membre du Comité d’Entreprise Européen Compass

·        Négociateur de la branche restauration collective

·        Mandat à la Fédération CGT Commerce

Et surtout :
J’ai des camarades. Des frères. Des sœurs. Des gens vrais. Des gens solides. Des gens qui ne lâchent jamais rien.

On a traversé des tempêtes.
On a affronté des pressions.
On a gagné, perdu, recommencé, avancé.
Et on continue. Ensemble.

Parce qu’un salarié seul, c’est fragile.
Mais un salarié avec la CGT … c’est un salarié debout.

Et côté perso ? Tout va bien. Femme, enfants, équilibre. Parce que pour tenir aussi longtemps, il faut un foyer solide, des gens qui t’aiment, qui te soutiennent.

Je m’appelle Rémy Tharreau.
Militant CGT Compass.
28 ans de lutte.
Et toujours debout.


    
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*** Témoignage sur mon parcours à la Cgt ***
 

Très chers collègues,

 
Je vais vous parler de mon parcours à la Cgt tant au niveau professionnel que personnel.
 
Au niveau professionnel, la Cgt m'a permis de suivre une formation, obtenir de précieux conseils pour passer mon permis de conduire, comprendre ma fiche de paye ainsi que mes droits en tant que salariée. J'ai  aussi appris beaucoup de choses sur nos devoirs dans le monde du travail et les règles qui en découlent. Aujourd'hui, je suis mieux à même d'accompagner et conseiller mes proches au quotidien.  
Au niveau personnel, grâce à la  Cgt, j'ai pris énormément confiance en moi. De base, je suis une personne très réservée et j'appréhendais beaucoup le fait de devoir parler en public. A l'aise avec mes camarades de la Cgt qui ne m'ont pas mis la pression, j'ai pu évoluer à mon rythme. A présent, je peux prendre la parole en public beaucoup plus facilement. C'est une grande avancée pour moi. 
 
J'encourage mes camarades à oser faire le premier pas vers la  Cgt car ils ne seront pas déçus. La  Cgt  ne juge pas les gens, ce qui est vraiment très appréciable. . 
 
Je remercie la  Cgt pour son accompagnement sans faille et souhaite la bienvenue aux nouveaux camarades que j'aurai grand plaisir à accueillir et à accompagner à mon tour afin d'apporter ma pierre à l'édifice.
 
Marie Eugénie COLY

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Je m’appelle Jean-Philippe.

J’étais encore un enfant, un petit collégien tout juste sorti de troisième lorsque le feu m’a pris. Le feu des fourneaux, celui qui brûle les mains et éclaire les âmes. Cuisiner n’était pas un choix : c’était une évidence, presque une hérédité, inscrite quelque part dans le sang, transmise en silence par les générations. 

Alors, j’ai refusé la route toute tracée du lycée, les chemins sages et rassurants. J’ai voulu le sommet tout de suite. La grande gastronomie. Les étoiles, l’Excellence. J’ai tout fait pour entrer dans l’une des plus grandes tables de l’Ouest, persuadé que le rêve vivait là, entre l’inox et les assiettes dressées au millimètre.

Mais très vite, le rêve s’est fissuré.

Puis il s’est effondré.

Derrière la lumière des projecteurs, j’ai découvert l’ombre : la pression constante, les heures interminables -70h par semaine -, souvent plus, jamais payées, la fatigue qui ronge, le sommeil qui fuit, les cris, les coups parfois, la violence psychologique presque toujours.

Un cauchemar.

Un cauchemar qui, plus de 35 ans plus tard, me réveille encore certaines nuits.

À dix-huit ans, un CAP en poche, j’ai cru pouvoir respirer à nouveau. J’ai quitté la gastronomie pour la restauration collective, convaincu qu’un avenir plus juste m’y attendait. On m’avait vendu la stabilité, le respect, l’évolution.

Mensonge.

Les injustices étaient toujours là, plus sournoises peut-être : les carrières brisées par l’arbitraire, les promotions gagnées par la complaisance, les égos hypertrophiés, les petites trahisons quotidiennes. J’ai vu l’inacceptable devenir banal. J’ai vu le silence devenir complice.

Alors, à vingt-et-un ans, j’ai poussé la porte d’un syndicat.

La CGT.

Celui dont je me moquais gentiment autrefois, disant qu’il défendait « la veuve et l’orphelin ». Celui que je savais farouchement anticapitaliste, indocile, debout. Celui qui rêvait, encore, d’un monde plus juste pour celles et ceux que l’on exploite.

Au début, j’étais seul.

Syndiqué isolé, comme on dit dans notre jargon syndical.

Quelques échanges avec l’Union locale, rien de plus. Trois années durant, j’ai rencontré des camarades de tous horizons, de tous métiers. Ensemble, nous avons partagé nos récits, nos colères, nos blessures. Et, peu à peu, j’ai compris ce qu’était réellement l’exploitation capitaliste : non pas une théorie, mais une somme de vies abîmées.

Pendant ce temps, l’injustice continuait de grandir.

J’ai vu des collègues femmes brisées par le harcèlement, psychologique, parfois sexuel. J’ai vu l’incompétence grimper les échelons pendant que la dignité restait au sol.

« Ah… il déchante, le naïf Jean-Philippe », auraient-ils pu dire.

Puis le hasard, ou peut-être la nécessité historique m’a mis sur la route de Dominique Pecheux et Franck Lemaire. Deux camarades. Deux mentors.

Ils venaient de Paris, se déplaçaient sur leurs heures syndicales qu’ils ne comptaient jamais, curieux, exigeants, déterminés à faire appliquer le droit, le Code du travail, les revendications salariales.

Avec eux, j’ai appris. Vraiment appris.

Les mandats sont venus.

Délégué du personnel, élu à l’unanimité — au grand dam de la hiérarchie.

« Pourquoi tu fais ça, Jean-Philippe ? Tu es chef de cuisine, tu vas foutre ta carrière en l’air… »

Peut-être.

Mais certaines carrières valent moins que la dignité.

Puis CE, puis délégué syndical. Les années ont passé. Les adhésions ont augmenté. Jusqu’au jour où nous avons créé un syndicat régional. Et là, j’ai découvert la vraie camaraderie : celle qui unit comme des frères et sœurs d’armes celles et ceux qui ont connu l’injustice et refusent de s’y soumettre.

La CGT m’a formé.

On m’a encouragé à apprendre : l’informatique, le droit, la santé au travail.

J’ai grandi.

J’ai évolué.

J’ai même vaincu une timidité qui me semblait éternelle, c’est dire le chemin parcouru.

Ensemble, nous avons fait de notre région une terre majoritairement CGT, pour longtemps, je l’espère. Et un jour, comme Dominique et Franck l’ont fait avant moi, nous passerons le flambeau. Parce qu’ils ont cru en moi. Parce qu’ils ont cru en nous.

Ce lien-là ne se rompt pas.

C’est une famille. Une vraie. Avec ses débats, ses désaccords, ses éclats de rire, sa fraternité. Et un seul cap : améliorer l’avenir de toutes et tous. Par la négociation, oui. Mais par la lutte, quand il le faut.

Mark Twain disait :

« Quand les riches volent les pauvres, on appelle ça les affaires. Quand les pauvres se défendent, on appelle ça de la violence. »

Moi, je dis que combattre l’injustice, c’est aussi combattre le capitalisme, et rendre au monde du travail sa fierté.

J’ai cru.

Je crois.

Je croirai toujours que dans l’union, tout devient possible.

Car toutes les gouttes de pluie, un jour, finissent par former des océans.

Jean philippe Lemaire
 

LEMAIRE Jean-Philippe
DSC adj. CGT Compass
 
 

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